L'approche sylleptique, qu'est-ce que c'est?
C'est une approche novatrice en matière de communication inclusive. Elle vise la création de solutions économiques, faciles à lire et à prononcer, et qui n'altèrent pas le sens de ce qu'on veut exprimer.
Comment ça marche?
Pour utiliser l'approche sylleptique, il faut tenir compte du nombre de marques de genre. Par exemple :
Les enseignantes sont parties en grève.
Ici, le genre féminin est marqué deux fois. Le nom enseignantes est féminin, et le participe passé parties, qui s'accorde avec enseignantes, est féminin aussi. Un autre exemple :
Les urgentistes vont arriver en retard.
Ici, le genre n'est pas marqué du tout. Le déterminant Les ne varie pas selon le genre; le nom urgentistes non plus.
Dans l'approche sylleptique, on vise à désigner les personnes avec soit aucune marque de genre, soit deux ou plus.
Premier cas : aucune marque de genre
Une phrase qui ne contient aucune marque de genre est inclusive, car elle est épicène. Dans l'approche sylleptique, les stratégies habituelles d'écriture épicène demeurent pertinentes. Par exemple, l'emploi de noms collectifs (la clientèle plutôt que les clients) ou de noms d'unités administratives (la rédaction plutôt que les rédacteurs) (Office québécois de la langue française, 2024b).
Deuxième cas : deux marques de genre ou plus
Prenons la phrase suivante, qui n'est pas inclusive :
Consulte un mécanicien.
Ici, le masculin est marqué deux fois. Avec un doublet long, ça donne ceci :
Consulte un mécanicien ou une mécanicienne.
Cela est très lourd. On pourrait plutôt créer un doublet abrégé, en superposant le masculin et le féminin :
Consulte un·e mécanicien·ne.
Beaucoup mieux! Mais comment dire cette phrase ou la lire à voix haute? Nous avons deux options : 1) dire le doublet au long, malgré la forme abrégée; ou 2) traiter le point médian comme une apostrophe, c'est-à-dire faire la liaison. Dans le deuxième cas, la phrase inclusive sera identique au féminin à l'oral.
Consulte une mécanicienne. Consulte un·e mécanicien·ne.
Parfois, la prononciation est moins évidente :
De valeureux·se chevalier·ère
Ce que l'approche sylleptique propose comme solution de rechange, c'est de créer une incohérence dans les marques de genre. Ainsi, il devient impossible de déduire le genre de la personne désignée. Cette dernière pourrait être de n'importe quel genre ou combinaison de genres.
Consulte une mécanicien.
Consulte un mécanicienne.
De valeureux chevalières
De valeureuses chevaliers
Puisqu'il n'y a plus de troncation, le problème de la prononciation est réglé. Pour ces deux exemples, il n'y a pas non plus, à l'oral, de confusion avec le féminin.
Afin d'indiquer que l'incohérence est intentionnelle, je propose l'ajout d'un point médian après la deuxième marque de genre.
Consulte une mécanicien·.
Consulte un mécanicienne·.
De valeureux chevalières·
De valeureuses chevaliers·
Troisième cas : une seule marque de genre
En dernier recours, on peut n'employer qu'une seule marque de genre et ajouter un point médian après celle-ci pour indiquer qu'on affecte à un mot une valeur neutre, malgré la marque de genre en question.
Tes invités· sont insupportables.
Les infirmières· méritent de meilleures conditions de travail.
Puisqu'il n'y a qu'une seule marque de genre et qu'il faut choisir entre le féminin et le masculin, on peut en profiter pour faire un accord de proximité ou de majorité. Ou, au contraire, on pourrait employer le genre le moins attendu pour une désignation de personne donnée, afin de défier les clichés.
Il est également possible d'utiliser une forme néologique neutre et d'y ajouter un point médian (p. ex. les autaires·) pour s'éviter une note en bas de page chaque fois qu'une forme inusitée est introduite.
Voilà! C'était la présentation la plus succincte possible de l'approche sylleptique. Pour en savoir plus, je vous invite à consulter le billet qui explique les raisons qui m'ont poussée à développer cette nouvelle approche, ou celui sur les fondements de l'approche.
Mis à jour le 2025-09-17.